Pour avoir connu moult galères dans la quête d’un jeu de données (en l’occurrence issu de Ion Torrent) afin de tester des versions de pipelines analytiques ou pour optimiser les paramètres de ceux-ci, nous avons décidé de publier un jeu de données, les résultats en sortie de pipeline et les conclusions statistiques puis biologiques qui en découlent. Avant, dans et après la moulinette bio-informatique.
En espérant, que ceci puisse éviter des galères à d’autres… :
Targeted metagenomic sequencing data of human gut microbiota associated with Blastocystis colonization
Concernant l’exploitation « biologique » de ce jeu de données, l’article publié dans Scientific Data est rattaché à celui-ci :
Colonization with the enteric protozoa Blastocystis is associated with increased diversity of human gut bacterial microbiota
Voici une illustration, sous forme d’une caricature, de l’évolution des injonctions ressenties par les chercheurs académiques… la course à l’excellence et la quête du facteur d’impact comme ligne d’horizon.
Voici une initiative originale conciliant deux tendances du moment : étude d’un microbiote & le concept de smart city. Saugrenu ? Science tendance ? Projet formaté pour la vulgarisation, la valorisation médiatique ? Quoi qu’il en soit, ce projet nous est plutôt bien vendu, à grand renfort d’infographies, de photographies, de vidéos un peu inquiétantes de personnes en train de réaliser des prélèvements de surface dans le métro. Derrière la communication, l’idée du projet est séduisante : utiliser des données biologiques, en l’occurrence des profils de l’ADNr 16S ou des séquençages génomes entiers définissant un microbiote pour améliorer nos écosystèmes urbains. Il est vrai qu’à une époque où l’on conçoit du mobilier urbain volontairement inconfortable pour ne pas que le passant puisse faire autre chose que passer, il ne semble pas intuitif d’aller chasser le microbiote pour concevoir une ville moins idiote. Même si la ville est le terrain de tous les paradoxes, il est captivant d’observer que cet environnement quotidien, banal, renferme une part de mystère… mystère qui serait à l’origine des odeurs du métro ? quelles espèces bactériennes propres à New York, Paris ou Rome sont à découvrir… quelle ville a le microbiote le plus diversifié ? quelle est celle qui aura le privilège d’héberger le plus de bactéries résistantes aux antibiotiques, la plus propre ou la plus sale ?
En juillet 2017, Stockholm accueillera la 3ème conférence annuelle « Metagenomics and Metadesign of Subways and Urban Biomes (MetaSUB)« , qui rassemblera des chercheurs dédiés à la cartographie du métagénome urbain de plus de 67 villes à travers le monde (dont Paris et Marseille). Ce projet ambitieux a débuté il y a deux ans, alors que le professeur Christopher Mason et son équipe ont réalisé la première étude sur la microflore de surface, dressant le microbiome de la ville de New York. Avec ces données moléculaires essentiellement basées sur le séquençage haut-débit 16S, le projet a étudié la façon dont ce «microbiome urbain» change avec des variables telles que la météo, la propreté, les matériaux de construction et même les niveaux socio-économiques du quartier. L’équipe a cherché à établir des profils de microbiotes dans le métro, à identifier les bio-menaces potentielles et à fournir des données complémentaires qui peut être utilisé par la ville pour créer une «ville intelligente», c’est-à-dire qui agrège des données hétérogènes pour améliorer son urbanisme.
Près de la moitié (48%) de l’ADN séquencé ne correspondait pas aux organismes connus, soulignant qu’un microbiota incognita entoure les usagers du métro. Le projet du métro de New York n’était que le début, ce qui a conduit à la création d’un consortium international de laboratoires pour établir une « cartographie » mondiale de microbiomes dans les systèmes de transport en commun notamment. En cliquant sur la capture d’écran ci-dessous, on pourra se faire une idée de la communication « Metasubienne » qui n’a rien à envier à celle de Tara Oceans ou de MetaHit (qui sont toutes trois, d’excellentes communications autour d’un projet et d’un consortium).
Voici en quelques mots les promesses annoncées dans l’article Geospatial Resolution of Human and Bacterial Diversity with City-Scale Metagenomics (Cell Syst, 2016) :
« La région métropolitaine de New York City (NYC) est un endroit idéal pour entreprendre une étude métagénomique à grande échelle car c’est la plus grande et la plus dense des États-Unis; 8,2 millions de personnes vivent sur une masse continentale de seulement 755 km2. En outre, le métro de New York est le plus grand système de transport en commun dans le monde (par le nombre de stations), qui s’étend sur plus de 406 km et utilisé par 1,7 milliard de personnes par an. Ce vaste écosystème urbain est une ressource précieuse qui nécessite un suivi pour le maintenir et le sécuriser contre les actes de bioterrorisme, les perturbations environnementales ou les épidémies. Ainsi, nous avons cherché à caractériser le métagénome de NYC en examinant le matériel génétique des microorganismes et d’autres ADN présents dans, autour et au-dessous de New York, en mettant l’accent sur les métros et les zones publiques très empruntés. Nous envisageons cela comme une première étape vers l’identification des menaces biologiques potentielles, la protection de la santé des New-Yorkais et la mise à disposition de données moléculaires qui pourront être utilisée par la ville pour créer une «ville intelligente», c’est-à-dire celle qui utilise des données de grande dimension pour améliorer l’urbanisme, la gestion de l’environnement bâti, des transports en commun et de la santé humaine. »
Voici un outil simplissime, rapide, en ligne, permettant de designer et de qualifier informatiquement des sgRNA, dans un contexte de KO réalisé par CRISPR/Cas9.
Vraiment pas mal !
Cliquez sur la capture d’écran ci-dessous et tentez votre design.
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Bioproduction: la France pas si mal que ça !
L’objet de ce petit article est de mettre en lumière cette industrie qui se porte plutôt pas mal en France. Après un petit retard à l’allumage, en atteste les craintes formulées dans des articles de 2008- 2009, « Bioproduction en France, toujours un train de retard« , il s’agit d’un secteur en relative expansion. Quand on parle de bioproduction, de quoi parle t’on ? La bioproduction peut être définie comme la production des produits de santé d’origine biologique et biotechnologique. En clair, à partir de briques du vivants on formule un produit à allégation santé (anticorps monoclonaux, les protéines recombinantes comme l’insuline ou encore les vaccins sont des outils indispensables au traitement de nombreuses pathologies), en substance la bioproduction pourrait être comparer voire parfois opposée à la pharmacochimie.
La carte obtenue par le LEEM – le syndicat du milieu pharmaceutique qui s’est substitué en 2002 au Syndicat national de l’industrie pharmaceutique (SNIP)- fait apparaître un regroupement de l’activité autour de quatre bassins principaux :
– la région Rhône-Alpes
– la vallée de la Seine
– l’Alsace
– le département du Nord
L’état des lieux de 2014 du LEEM est plutôt évocateur :
– La demande en biomédicaments est passée de 5 à 15 % entre 2000 et 2012.
– La France dispose notamment de capacités de production significatives dans le domaine des vaccins, des produits dérivés du sang, des hormones et des produits pour le diagnostic.
– 13 000 personnes sont employées dans la bioproduction
– Les formations françaises en biotechnologies sont reconnues au niveau international. Il en va de même pour le processus de reconversion des industries chimiques vers le vivant. Cette synergie de compétences est un atout.
Outre ces éléments visant à saluer une filière qui a su prendre un bon élan, d’un point de vue plus pratique, ce post est aussi l’occasion de fournir une liste de ces entreprises qui recherchent des profils plutôt jeunes et plutôt bien formés. Cette liste est évidemment non exhaustive et tirée de l’excellent recensement de l’Industrie Pharma Magazine.